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Exposition photographique de Félix Arnaudin

Arts & Traditions Populaires de Marmande

En partenariat avec le musée d’Aquitaine, plusieurs structures marmandaises de la ville de Marmande recevront une partie de l’exposition « Le guetteur mélancolique » de Félix Arnaudin. Cette exposition déjà présentée au Musée d'Aquitaine et à Marquèze a rencontré un grand succés. Elle vous fera découvrir cet artiste talentueux.

Félix Arnaudin, le guetteur mélancolique      Œuvre photographique, 1874 - 1921 

184 66 27 3151 Felix Arnaudin autoportrait vers 1876Terre de grandiose et ensorcelante poésie que j’ai maladivement aimée et qui reste devant mes yeux, à travers l’amertume de mes regrets, toujours majestueusement souriante…
(Félix Arnaudin) 

Félix Arnaudin nait en 1844, à Labouheyre, au cœur des Landes.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le territoire de son enfance subit des bouleversements considérables. La loi promulguée par Napoléon III, en 1857, impose la plantation intensive de pins et la privatisation des terres. Les espaces infinis de landes rases où dominent ajoncs, bruyères et molinie, où l'eau affleure en marais et lagunes, deviennent la plus grande forêt d'Europe plantée d'une seule essence : le pin maritime. Les horizons largement ouverts se ferment à la vue, l'antique système agro-pastoral s’effondre.

Félix Arnaudin a une connaissance intime de son environnement. Profondément attaché à la culture traditionnelle qu'il voit disparaître, il décide, à l'approche de ses trente ans, d'en transmettre l'essence et de consacrer sa vie à la collecte du patrimoine oral et à la constitution d'une mémoire visuelle : projet colossal !
Cette « Grande Lande », il la parcourt inlassablement en quête de gibiers, d’images, de croyances, d’usages, de contes, de légendes, de chants, de proverbes, de mots de la langue gasconne, d’Histoire locale et d’histoires naturelles.

Il fait le choix de la photographie comme outil de représentation et, inlassablement, au cours des années 1870, il cherche à transmettre de sa terre natale l’image d’une nature originaire.

Puis, il met en scène les travaux des champs et les travaux domestiques afin de témoigner de ce qu’était cette vie communautaire, simple, en autarcie, alors que déjà l’exploitation des sols et le profit dominent.
C’est encore avec une grande volonté d’authenticité que sont restitués les « Types » landais, à travers portraits individuels ou de groupe ; tout comme l’architecture vernaculaire et l’organisation de l’habitat.

Toute son œuvre photographique témoigne des interactions entre l’humain et la nature. Il tisse ainsi l’identité d’un paysage et crée un lexique visuel fort.
Face à nos questionnements sociétaux et environnementaux actuels, les images de Félix Arnaudin, empreintes d’intemporalité et d’universalité n’ont pas fini de nous interpeller… 

Les négatifs sur verre et les tirages originaux de Félix Arnaudin constituent le plus ancien corpus de photographies existant sur les Landes. Ce fonds est, essentiellement, conservé au Musée d’Aquitaine, à Bordeaux, les manuscrits, collections du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, sont déposés aux Archives Départementales des Landes.

L'exposition à Marmande      Trois lieux  à explorer  : 

Musée Albert Marzelles : Paysages et portraits

Paysages :

Désert magnifique, enchantement des aïeux, déroulant sous le désert du ciel sa nudité des premiers âges. (Félix Arnaudin)
O mes vieux pins tant aimés… rois aériens de la vastité rase, si grands de votre sauvage isolement dans l’étendue déserte. (Félix Arnaudin)

Félix Arnaudin consacre ses premières années d’expérimentations photographiques à « sa » lande, lieu de contemplation, de méditation. Il lutte contre le temps, il recherche les paysages intacts et insiste sur leur dimension sublime. Il s’essaie aux panoramiques pour embrasser l’immensité de ces ciels et de ces terres aux lumières et couleurs changeantes ; espaces vides, nus, invariablement coupés en deux par la ligne d’horizon. Ce contact entre ciel et terre, il le situe systématiquement et précisément au milieu de ses images.
Pourtant, l’œil averti perçoit d’autres lignes, toujours présentes, même s’il les éloigne par un jeu d’optiques : lignes plus sombres ou plus claires qui signalent déjà l’inexorable présence des pins.
Félix Arnaudin imprime ainsi, dans la mémoire collective, d’une part ces vastes étendues parcourues par les troupeaux de brebis et leurs pâtres juchés sur des échasses ; d’autre part, la sègue* et ses gemmeurs perchés sur leur pitey (échelle de bois à un seul montant).
La Grande Lande, largement marquée par la présence humaine : parcs (vieille forêt de pins) et bordes (bergeries), chemins et fossés, gués et passerelles, prairies et champs cultivés, …il l’explore, encore et encore, et montre la diversité de ce « pays », à la prétendue monotonie. Il ignore volontairement les semis de pins industriels et toute référence à la modernité.
Félix Arnaudin maîtrise parfaitement cadrages et lignes de force. Il se positionne au plus juste dans l’espace et fait preuve d'une préoccupation constante pour la composition.

Portraits :  

Il m’a photographiée avec mon pauvre mari pendant la guerre, à une permission…à Sabres, au Brana…devant une maison vielle, là…il nous a photographié comme ça, moi je suis assise, mon mari est à côté, debout, et la petite devant nous…(Jeanne Duvigneau interview par Jean Tucoo-Chala, fin des années 1980).

Félix Arnaudin, de nature pourtant timide, se fait photographier à quatre reprises par les photographes renommés de Bordeaux, à l’époque. C’est sans doute, pour lui, l’occasion d’échanger sur la technologie encore complexe qu’est la photographie dans les années 1860-1870. Il s’agit de portraits carte-de-visite, de facture classique, réalisés en studio. D‘un faible coût, ils sont très en vogue à la fin du XIXe siècle dans les milieux bourgeois. Félix Arnaudin réalise 230 portraits sans tenir compte des codes de représentation de studio.Individuels ou de groupe, toutes générations confondues, les portraits qu’il compose sont authentiques : des gens simples, ses proches, sa famille, ses semblables. Les sujets posent en pied ou assis, souvent dans leur cadre de vie, toujours en extérieur, dans un jardin, devant un mur de maison, sur lequel, de temps en temps, est tendu un tissu rudimentaire.Personnages endimanchés mais sans artifice, leur regard est généralement frontal. Ils frappent par leur sérieux. L’évènement est grave, le moment solennel. On se doit de porter au-devant de l’autre sa propre dignité, aussi humble que l’on soit.Abstraction faite des vêtements, reflets d’une époque passée, on ne peut qu’être interpellé par la proximité de ces attitudes et la forte présence de ces regards. La puissance de ces images les porte au-delà du contexte dans lequel Félix Arnaudin les a réalisées, à titre de remerciements ou à la demande. Selon lui, secondaires à son œuvre, elles ne lui en donnent que plus de force. 

L'Ostau Marmandés : Architecture traditionnelle et vie quotidienne

« Il y avait un style architectural bien landais, et mes photographies, je l’espère, le démontreront aux moins avertis. » (Félix Arnaudin)
« Le plus souvent, la maison était construite en lapa (alios), plus rarement en pierre…et comme si les matériaux avaient quitté le sol à regret, la maison s’enfonçait dans le sol où elle semblait se blottir…mais voulant gagner en surface ce qu’elle perdait en hauteur, elle se prolongeait en « estantades » (auvents). » (Félix Arnaudin)

Félix Arnaudin s’intéresse essentiellement à l’architecture vernaculaire, fragile, faite de colombages et de torchis, ou d’alios (Grès ferrugineux des Landes). Il la montre dans sa singularité et sa simplicité, qu’elle soit en bon état, vétuste ou à moitié détruite, abandonnée par ses habitants qui ont migré vers les bourgs, conséquence de l’implantation intensive du pin maritime.
Il photographie régulièrement les maisons sous différents points de vue : de face, de trois quarts, de près et dans leur environnement proche, avec d’autres constructions plus modestes, granges, puits, fours à pain ou poulaillers. Ces ensembles s’ordonnent sur une pelouse plantée de chênes, « l’airial » ou habitat en quartiers, caractéristique d’une occupation ancestrale de l’espace.
Ces bâtis sont représentés comme des espaces scéniques, l’un des points de vue est presque systématiquement réalisé deux fois, avec et sans personnage. Il dispose scrupuleusement hommes, femmes et enfants dans des attitudes propres à chacun, parfois si lointains qu’ils sont à peine visibles sur les tirages originaux. Pourtant, dès qu’ils apparaissent dans l’image, celle-ci s’anime, de documentaire, elle devient narrative.
Félix Arnaudin poursuit cette typologie avec les moulins à eau et à vent. Il recense, avec la même constance, les églises et les chapelles. Par contre, il ignore sciemment tout bâtiment industriel.

La médiathèque : Mises en scène, travaux des champs et travaux domestiques

Une jeune fille coupe de la bruyère. Ainsi, détachée en plein ciel, près de ce vieux parc, courbant et relevant sur le nu de l’air, son buste gracieux, elle ignore quel frais et savoureux poème, sa présence jette sur la bruyère déserte. (Félix Arnaudin)
…à la tombée des brulants jours d’été où l’air a des sonorités singulières, ces étranges mélopées, qui prêtent à un labeur rude entre tous des apparences de plaisir et de fête. (Félix Arnaudin commentant les chants des moissonneurs)

Dans sa volonté de transmettre aux générations futures les fondamentaux de la vie de la Grande Lande, Félix Arnaudin déploie une énergie considérable à mettre en scène les travaux des champs et les travaux domestiques, rassemblant famille, amis, voisins et métayers.
Il prépare rigoureusement ses séances de prises de vue, établit les listes des figurants à convoquer (certains d’entre eux sont rémunérés), des vêtements à porter, des outils et objets à utiliser. Il prévoit la disposition de chaque personne dans l’espace : orientation, maintien des corps, attitudes de travail, positionnement des outils, gestes, parfois même regard… Rien n'est caché à l'objectif, tout est donné à la vue, sans superposition de plan pour une compréhension immédiate, conférant ainsi à ses "tableaux" leur intention didactique. Toute la chaîne opératoire d'une activité est reproduite, étape par étape, sur une même photographie.
De ses images, il dit :
Mon désir serait de présenter des choses aussi exactes et en même temps aussi artistiques que possible.
mais aussi :
Je ne sais pas travailler à demi ; c’est ma nature de descendre irrésistiblement dans le dernier détail.
Tout photographe, utilisant une chambre (type d’appareil utilisé dans les premiers temps suivant l’invention de la photographie), double sa prise de vue pour s’assurer de la bonne luminosité ou netteté...Félix Arnaudin, lui, va bien au-delà. Pour aboutir son projet pictural, comme un peintre qui reprend et reprend sa toile, il réorganise année après année, des séances de prises de vues, dans un même lieu, souvent aux mêmes saisons, avec, si possible les mêmes figurants. Il note les modifications à prendre en compte dans les prochaines images, s’aidant parfois de croquis. Il ne s’agit pas d’un travail sériel, comme nous l’entendons aujourd’hui, où l’artiste expose l’ensemble de ses compositions. Non, il recherche l’image unique, parfaite, et se donne tous les moyens d’y parvenir.
Ainsi, les images entièrement construites de Félix Arnaudin sont l’illusion d'une réalité. Il ordonne en scènes figées une vision idéalisée d'un monde rural, fondé sur l’échange et la solidarité, dont les pratiques sont en train de se modifier totalement.
L’ensemble de ses négatifs et tirages qu’il a lui-même légué à l’un de ses proches, initié à la photographie, a fait l’objet de donations successives des descendants aux institutions publiques. La bonne conservation de ce fonds exceptionnel nous offre, aujourd’hui, le privilège d’étudier l’ensemble de sa démarche photographique. Et force est de constater la très grande cohérence de son œuvre.

Un livre : Félix Arnaudin, le guetteur mélancolique

Le guetteur mélancoliqueLivre publié le 14/04/2016 Auteur(s) : Ecomusée de Marquèze sous la direction de Vanessa Doutreleau et de Catherine Vigneron textes de François Hubert, Gilles Mora, Jean Tucoo-Chala et al. Editeur : Editions Kilika - Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques) . En vente sur l'exposition et à la librairie "Le gang à la clef à molette"

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la plantation des pins bouleverse rapidement le paysage de la lande, son économie et les modes de vie des habitants. Convaincu qu'une grande civilisation agro-pastorale est en train de disparaître sous ses yeux, Félix Arnaudin, né en 1844, décide, à l'approche de ses trente ans, de consacrer sa vie à la collecte du patrimoine oral et à la constitution d'une mémoire visuelle : projet colossal. Cette « Grande-Lande », il la parcourt inlassablement en quête d'images, de contes, de légendes, de chants, de proverbes, d'histoire locale et d'histoires naturelles, de croyances, d'usages, et de mots de la langue gasconne. Ses champs d'exploration photographique s'organisent selon quatre grands centres d'intérêt : les espaces infinis de la lande, l'architecture vernaculaire et son environnement, les portraits, les scènes de la vie quotidienne. Félix Arnaudin en donne une représentation construite, longuement réfléchie. Il accompagne ses images de notes écrites et parfois de croquis. Au-delà de son oeuvre ethnographique désormais reconnue, l'exposition et cet ouvrage qui l'accompagne, attestent d'une véritable oeuvre photographique, couvrant près d'un demi-siècle.

 Le dossier de presse : cliquez ici

Pour mieux connaître Félix Arnaudin : Ecouter sur France Inter, La marche du siècle du vendredi 21 juin 2019 par Jean Lebrun 27 minutes

Le témoin du vendredi : Félix Arnaudin (1844-1921), lou Pec, le fou...l'imagier des landes   https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-21-juin-2019?xtmc=arnaudin&xtnp=1&xtcr=3

Des animations autour de l'exposition Arnaudin à Marmande

Inauguration  jeudi 12 septembre à 18h : Présentation par François Hubert, ancien directeur du musée d'Aquitaine et visite des trois sites : musée, Ostau Marmandés et Médiathèque suivie d'un vin d'honneur musical sur le parvis de la médiathèque.

Musique dimanche 22 septembre de 16h  à 17h30  au musée Marzelles animation avec le groupe musical des ATP « Musique traditionnelle de Gascogne sur les pas d’Arnaudin » dans le cadre des journées européennes du patrimoine.

Conférence jeudi 26 septembre à partir de 17h à l'Ostau : Rencontre avec Marc Large auteur du livre "La folle histoire de Félix Arnaudin" et dédicaces ; à 20h30 Veillée avec Marc Large sur l'oeuvre et la vie d'Arnaudin.

Veillée jeudi 10 octobre à 20h30 à l'Ostau : veillée avec Patric Lavaud : Félix Arnaudin et l’accordéon. A plusieurs reprises, Félix Arnaudin critique « l’affligeant, l’odieux, le stupide accordéon », symbole musical d’une modernité qu’il déteste et auquel il reproche d’avoir contribué à la disparition des instruments plus anciens comme le fifre, la flûte à trois trous ou encore la cornemuse...

Master-Class samedi 16 novembre de 9h30 à 12h30 à l'Ostau en partenariat avec le Conservatoire Maurice Ravel :   Atelier avec Sébastien Cogan ouvert à tout musicien ayant une certaine pratique instrumentale et souhaitant découvrir la musique traditionnelle gasconne, ou approfondir ses connaissances dans ce domaine, à partir des collectages d'Arnaudin. Pré-inscription au conservatoire (05.53.64.40.89) jusqu'au 14 novembre.

Entrée libre pour toutes les animations.

 

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