Tout, tout, tout, vous saurez tout sur la tomate !

La petite, la grosse… la ronde, la longue… la rouge la verte et la jaune… la Pondorosa et la merveille des marchés qui donneront la Marmande…sans oublier Ferline et la pomme d’amour ... Tout, tout, tout, vous saurez tout sur la Tomate

 

1554 : on parle déjà de tomates et on mange déjà des tomates !

La première mention de la tomate pourrait bien être attribuée au médecin botaniste siennois Pier Andréa Mattioli (1500-1577) qui publia en 1544 à Venise son Herbier illustré « Commentari alla Materia Medica di Pedacio Dioscorido di Anazarbeo » dans lequel sont décrites et illustrées près de 1200 espèces de plantes à usage médical.

L’édition de 1554 précise que la tomate est consommée en Italie avec de l’huile, du sel et du poivre.

L’herbier de Mattioli sera utilisé pendant longtemps également par d’autres botanistes du XVIIème siècle pour la détermination des plantes.

L’une des plus importantes manifestations de ce développement fut la création de Jardins Botaniques en Italie, à Padoue en 1525 et à Pise en 1544.

Parallèlement, l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles permit la publication d’ouvrages consacrés aux plantes, et plus spécialement d’herbiers, qui seront les premiers atlas du monde végétal. Tout au long du siècle, se succèderont ainsi avec ces ouvrages une foule d’éveilleurs à la botanique. Reçu docteur à Sienne, il exerça la médecine à Rome jusqu’en 1527 ; à la suite de troubles politiques de l’époque, il se retira près de Trente où il vécut jusqu’en 1540, puis alla se fixer à Goeritz. L’archiduc Ferdinand, plus tard Empereur, se l’attacha comme premier médecin, il resta à la cour de Vienne de 1552 à 1562, puis revint à, Trente.

Mattioli a eu comme médecin une immense notoriété ; mais ce qui a surtout fait sa réputation pour la postérité c’est son « Commentaire de Dioscoride », paru pour la première fois à Venise en 1554 ; malgré les erreurs que renferme ce livre, il est toujours précieux pour l’histoire de la botanique ;;;et par voie de conséquence pour l’histoire de la tomate !

 

La légende de la tomate de Marmande. 

Il manquait à Marmande ce brin de poésie et de rêve pour expliquer l’origine de sa célèbre tomate. En 2003 ce vide est comblé. Jean Condou, secrétaire général de la mairie de Marmande historien local qui connait l’histoire du Marmandais et les Marmandais qui ont fait l’histoire, publie chez Lacour « Il était une fois la tomate de Marmande ».

Marmande, cité gasconne, se devait d’avoir cette légende dans le dialecte local. Nous avons donc pris la liberté, avec l’autorisation de son auteur, de traduire le texte original en gascon marmandais et laissé le soin de faire cette « revirada » à deux Marmandais, ardents défenseurs du parler local.

La legenda de la tomata de Marmanda. Virat dau francés au gascon marmandés, per la Denisa Laffarga e lo Bernat Lebeau.

Un còp èra a Marmanda, la gojata d’un riche borgés, joena, bròia e satja. Los galants acabèvan pas de virar a l’entorn d’era, mès la Ferlina Giraudeau (quò èra son nom), ne’n trobèva nat a son gost, au desespèr de son pair qui, veson[1], vesèva son atge avançar. E portant un d’aqueths joens òmes, Peiròt Bory, de modesta levada[2], morèva d’amor per era, mès gausèva pas li diser, pasqué se sabèva tròp praube per poder i preténder ; tèlament que plenh de chegrin decidit de quitar Marmanda. Arribèt a Bordèu juste au moment qu’un vaishèth hissèva les velas per « Las Islas ». Pendent quate ans, barlinguèt, vesitèt las Antilhas e la Navèra Granada, trabalhèva dur e portant podèva pas se deshèser de l’imatge de la Ferlina.

Un bèth jorn, prengut lo camin dau retorn demb, dens sus bagatges, un gròs sacòt de cuèir plenh de doblons d’Espanha e una pocheta onte i avèva d’estrantges granas platas e d’un gris fonçat. Tornat a Marmanda samenèt dens un cunh ensorelhat dau casau de son pair les famusas granas e au començament de l’estiu apareishuràn penderillhas[3] de fruits roges magnifics, ronds e lisses. Cada matin ne’n’ massèva quauques uns e los pausèva dens un petit panèir de vime[4] que deishèva sau bòrd de la fernèsta de la bròia dròlla.

Au cap de quauques jorns, lo susprengót au moment mèsme onte renovelèva son present :

- « Diga-me amic, li digot era, coma s’apèra aqueth fruit deliciós que me pòrtas cada jorn ?

- Quòra èri a las Americas, los Indians l’aperavan : la tomata, mès jo, l’aperèvi : La Ferlina, en sovenir de tu, tant èra bròia !

E ben, era li dit, en se gitant dens sos braçs, a partir d’anuèit, l’aperaram : la poma d’amor ».

La Ferlina e sa Poma d’amor an son estatùa au mitan dau casau de la Mairia de Marmanda.

La légende de la tomate de Marmande par Jean CONDOU

Telle que l’a écrite Jean CONDOU : « Il était une fois …la tomate de Marmande », Lacour, Editeur- 2003.

Il était une fois à Marmande, la fille d’un riche bourgeois, jeune, belle et sage. Les prétendants ne cessaient de tourner autour d’elle, mais Ferline Giraudeau, (c’était son nom) n’en trouvait aucun à son goût, au désespoir de son père qui, veuf, voyait avancer son âge. Et pourtant, un de ces jeunes gens, Peyrot Bory, de modeste extraction, mourait d’amour pour elle, mais n’osait le lui avouer, conscient d’être trop pauvre pour pouvoir y prétendre ; tant et si bien que rempli de chagrin, il décida de quitter Marmande. Il arriva à Bordeaux juste au moment où un navire mettait les voiles pour « les Isles ». Pendant quatre ans, il bourlingua, visita les Antilles et la Nouvelle Grenade, il travaillait dur et pourtant il ne pouvait se défaire de l’image de Ferline.

Un beau jour, il prit le chemin du retour avec dans ses bagages un gros sac de cuir rempli de doublons d’Espagne et une pochette dans laquelle se trouvaient d’étranges graines plates et d’un gris foncé. Revenu à Marmande, il sema dans un coin ensoleillé du jardin paternel les fameuses graines et, au début de l’été apparurent des grappes de magnifiques fruits rouges, ronds et lisses. Chaque matin, il en cueillait quelques uns et les déposait dans une petite corbeille d’osier qu’il abandonnait sur le bord de la fenêtre de la belle.

Au bout de quelques jours, elle le surprit et, au moment où il renouvelait son offrande :

- « Dis-moi, ami, lui dit-elle, comment s’appelle donc ce fruit délicieux que tu m’apportes chaque jour ?

-Lorsque j’étais aux Amériques, les Indiens l’appelaient la « tomate », mais moi, je l’appelais « Ferline » en souvenir de toi, tant elle était belle !

-Eh bien, lui dit-elle, en se jetant dans ses bras, à partir d’aujourd’hui, nous l’appellerons « La pomme d’amour ». »

La preuve que cette histoire, livrée par un vieux grimoire aujourd’hui disparu est vraie : c’est que Ferline et sa pomme d’amour ont leur statue au cœur du jardin de l’hôtel de ville de Marmande.

                                                         Jean Condou

          

 

Ferline et sa pomme d’amour, statue située dans le jardin devant l’hôtel de ville de Marmande (photo site officiel de la mairie de Marmande)

La légende née de la réalité : l’histoire vraie de la tomate de Marmande

Histoire :

En 1750, la tomate venue des Amériques et d'abord acclimatée en Europe dans les jardins espagnols et italiens, fut introduite en Provence. L’essor de la tomate dans le bassin marmandais résulte de l’épidémie de phylloxéra de 1863. Frédéric Zégierman explique : « Dès 1910, conscients de la nécessité d’arriver tôt sur les marchés de consommation, les producteurs privilégient les variétés « hâtives » et, ce serait par hybridation naturelle que « la merveille des marchés », « la pondorosa » et la « mikado » auraient donné naissance, après adaptation au climat et au sol, à la tomate de Marmande4,5. ».

C'est un marmandais, Pierre Gautriaud, horticulteur-pépiniériste, qui le premier constata que s'il entrepiquait ses plants de tomate rampante, il pouvait obtenir non seulement une tomate de qualité supérieure et que celle-ci supportait sans problème le transport. La production commerciale de tomates fut dès lors amorcée6.

Caractéristiques :

Couleur : rouge

  • Morphologie : tomate de taille moyenne, plate, côtelées et parfois irrégulière, incurvée au pédoncule. Pèse de 150 à 300 g, calibre 67 à 85 mm. Grappes de 4 à 5 fruits.
  • Chair : pleine, consistante et très parfumée. Résiste peu à l’éclatement une fois arrivée à maturité.
  • Goût: sucré, parfumé.
  • Port : plant vigoureux, productif.
  • Rusticité : forme ses fruits même à température basse.
  • Maturité : hâtive, 55 à 65 jours. Variété très précoce et très productive4.

Cette variété précoce se cultive en serres, tunnels ou en plein champ abrité4.

Usage alimentaire

Frédéric Zégierman indique « Fraîche, crue ou cuite, l’utilisation de la tomate de Marmande est variée : en cuisine, elle fait merveille en salade comme en tomate farcie. Les transformateurs, eux, en font des jus, purée, concentré4. Et depuis peu on fait également de la bière à la tomate et de succulents desserts (voir le restaurant l’Ô à la bouche en haut de la place du marché).

Histoires de Tomates

 

Marmandais et Grands amateurs de tomates en tout genre cette image vous expliquera sans le moindre doute l’origine de la croix occitane. Cette tomate n’étant pas un OGM (Occitane Génétiquement Momifiée), son image n’est pas soumise copyrigt, Rai de copias ! Merci à l’internaute qui l’a publiée et je ne résiste pas au plaisir d’ajouter son commentaire :

« Peut-être un bel jour vous apprendra-t-elle comment nostre bon comte En Guilhèm revint de crosada grâce à l’aide d’un brigand nommé Tomas et d’une princesse sarrasine, comment il ramena des graines de pommes d’or de l’hort des Hespérides, lesquelles cultivait le Qualiphe de Bagdad, comment il les desroba, les ramena en sa grande cité de Tolosa et là furent appelées Tomastes sive pomas d’amor en l’honnor de cest deux personnes »

 

 

[1] Veson : veuf disen mèi sovent veus.

[2] De modesta levada : de modeste lignée (issu d’une famille pauvre)

[3] Penderilhas : grappes (littéralement pendeloques)

[4] Vime : osier

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